mardi 17 juillet 2018

Après la pluie, le beau temps.... Le beau beau temps!!!


Retour en arrière... regard sur l'année 2016-2017...

"And suddenly you just know it's time to start something new and trust the magic of begginings."


CETTE année-là... ma vingtième en carrière...l'année des mille questionnements... l'année des retours à la maison baignés de larmes... l'année des matins avec la boule dans l'estomac... l'année où tu ne reconnais plus le prof passionné que tu étais... où tu passes ton temps à te demander si tes cours sont corrects, si les élèves t'apprécient, si tu as merdé quelque part, et si oui, à quel moment exactement... L'année où tu passes plusieurs minutes par semaine à parcourir les différentes offres d'emploi dans ton domaine... ou pas... L'année où il te semble que tout va basculer... que ça va passer ou casser.

Pourtant, je l'avais commencé comme d'habitude cette année-là.  Plein d'idées en tête, avec une tonne de projets à réaliser, un enthousiasme à tout casser.  Avec l'assurance et la confiance que mes années d'expérience me donnnaient.  Avec un bagage plus que positif de toutes ces années d'enseignement.

Et puis... BANG!

Comme un grand coup en pleine gueule!  Cette année-là, les ados que j'avais dans l'un de mes groupes se sont chargés de me rappeler que ça ne peut pas être toujours facile de même... que des remises en question, on peut en avoir à tous les moments de notre carrière.  Ils étaient pourtant très gentils ces élèves. (Comprenez bien ici que je parle d'une situation de groupe, et non des élèves, pris individuellement.)  Mais niveau travail, la motivation était à -1000.   Combien de fois ils m'ont dit: "C'est pas vous madame, ça nous tente juste pas."  J'y ai jamais cru.  Que ce n'était pas moi.  J'avais une responsabilité à jouer dans leur motivation.  Pas juste moi, eux aussi, j'en conviens.  Mais j'en étais tout de même responsable.  Ça, j'en étais convaincue.  Un effet d'entrainement comme ça, dans un groupe, ça arrive.  Mais on aurait dit que je n'avais plus les outils nécessaires pour y faire face.  Côté comportement, il fallait tenir le cadre serré, mais ça allait.  Mais au niveau de l'intérêt, il n'y en avait pratiquement pas.  C'est certain que quand tu leur répètes, ad nauseam, qu'ils se doivent d'être prêts pour L'ÉPREUVE UNIQUE du ministère, et que tu crois que tu as trouvé L'argument de choix, alors là, tu ne peux pas demander de miracle ! Alors j'en ai reviré des solutions dans ma tête, pendant mes nuits d'insomnie.  À un point  tel que j'ai fini cette année-là épuisée, avec un sentiment d'échec gros comme l'univers, et avec le goût de tout lâcher.  Cette situation avait réussi à me faire sentir comme l'enseignante la plus médiocre du monde...

Quelques jours de vacances, de réflexion, de livres inspirants... et j'ai fini par me dire je n'étais pas nécessairement devenue une mauvaise enseignante... mais que le temps était peut-être venu de penser à revoir ma pratique.  Parce qu'en vingt ans, il y a de fortes chances que les jeunes que l'on reçoit dans nos classes aient changé.  Oui, ils ont changé.  Le monde dans lequel on vit a changé.  Les mentalités et les façons d'apprendre aussi.  Forte de la formation iClasse et des nombreux échanges avec mes collègues virtuels sur les réseaux sociaux, je me suis relevé les manches et me suis dit que je n'allais pas revivre une année comme celle-là.  Je n'avais pas de pouvoir sur les jeunes que je recevrais, mais je m'assurerais d'être prête à faire face à la situation.  J'ai donc décidé de poursuivre, car je ne pouvais tout simplement pas délaisser une profession que j'adorais.  Que je me donnais une autre chance.

Une nouvelle année, un nouveau départ... et une année de rêve!

"Une classe devrait être comme une famille qui se rassemble à la table pour un repas: il devrait y avoir un respect mutuel, du plaisir et des rires.  Elle devrait aussi offrir un environnement favorable à l'expression des idées innovantes pour tous ceux qui s'y retrouvent."  (Dr Nathan Lang-Raad, traduction libre)


J'ai donc commencé mon année 2017-2018 avec encore plein d'idées en tête, une liste de projets plus que remplie et un regard positif sur l'année qui s'annonçait.  Et avec cette phrase que je m'étais écrite sur un bout de papier, pour m'assurer de chaque jour m'en rappeler: "Si j'étais élève, est-ce que j'aimerais être dans ma classe?".  En me jurant de ne pas y répondre non.  Le moins possible en tout cas...

Je dois admettre, en commençant, que j'avais une tâche de rêve.  Car je sais que ça peut faire drôlement une différence sur notre qualité de vie de prof.  3 groupes de secondaire 1.  Enseignante-ressource pour compléter.  Donc, une préparation seulement.  Et pas de super examen du ministère à la fin de l'année qui me pendrait au-dessus de la tête, comme une épée de Damoclès.  J'avais donc une marge de manoeuvre un peu plus grande pour expérimenter les diverses activités et projets qui m'intéressaient depuis longtemps.  Donc, ce point étant bien clair, je suis tout à fait consciente que j'avais entre les mains une situation très favorable à ce que tout roule comme sur des roulettes.

Et une cohorte d'élèves absolument extraordinaire et exceptionnelle.  (Ne pas confondre encore une fois les élèves, les individus, avec l'esprit de groupe dont je parle ici.  Parce que j'en ai vu énormément des élèves extras, des groupes géniaux et de belles cohortes.)  C'est qu'il y avait une chimie incroyable entre eux.  Des leaders positifs qui aspirent à la réussite, tant scolaire que parascolaire.  Des élèves impliqués qui ont fait embarquer ceux qui l'étaient moins.  De T-O-U-T-E beauté!!!  L'équipe d'enseignants a été unanime tout au long de l'année.  Nous avons été renversés.  Positivement.  On se demandait bien à quel moment notre lune de miel allait se terminer.  Il y a des moments charnières dans une année où la motivation des élèves en prend un coup:  serait-ce en novembre, après le premier bulletin?  Au retour des Fêtes ?  Après la relâche ? En mai, avant la session d'examens?  Ça n'a jamais eu lieu.  Il y a bien eu quelques petites problématiques à gérer:  baisse des résultats de certains, quelques chicanes, quelques cas de démotivation.  Mais rien de majeur.  Rien d'essoufflant et de démotivant pour l'enseignant. Bref, on a eu "ben du fun"!

Ces élèves, qui ont évolué dans ma nouvelle classe flexible, ont pu expérimenter de nombreux projets. Certains ont bien fonctionné, d'autres moins.  Les élèves étaient assez à l'aise pour me donner leur rétroaction et leurs recommandations.  Je trouve intéressant maintenant d'avoir changé ma vision de l'enseignement:  oser innover, oser prendre des risques, c'est ainsi qu'on peut avancer.  Les élèves comprennent que nous formons, eux et moi, une communauté d'apprentissage et de partage.  Que je ne suis pas la seule qui détient des savoirs à leur transmettre.  Que nous avons tous intérêt à travailler ensemble, dans NOTRE classe.  Ils y étaient bien.  Et moi aussi.   C'est ainsi que nous avons expérimenté la programmation et le code, les activités permettant de développer la mentalité de croissance, les activités coopératives de résolution de problèmes ou de constructions géométriques.  Que nous avons intégré l'utilisation des technologies presqu'au quotidien.  Que nous avons créé.  Oui oui, créer en mathématiques, c'est tout à fait possible.  Que nous avons découvert des applications, que nous avons réfléchi et argumenté.  Que nous avons appris que les mathématiques, ça peut être beau et pas nécessairement si compliqué.  Que nous pouvons faire des erreurs.  Que nous devons faire des erreurs pour apprendre.  Que nous pouvons avoir une deuxième chance.  Que les autres peuvent nous aider.

Ce fut donc une année de bonheur et de rêve.  MA meilleure année.  Cette année qui m'a permis de me redonner cette confiance qui s'était un peu effritée.  Une année où j'ai cumulé les souvenirs dans ma tête, sachant très bien que ça ne peut pas toujours être ça.  Je l'ai savourée.  Chaque instant.  En étant cependant bien consciente que les conditions étaient optimales.
Je me suis chaque jour permis de m'être reconnaissante.  De ne pas avoir abandonné.  De ne pas avoir changé de carrière.  Parce que des années plus difficiles, ça peut arriver.  Mais même quand c'est le cas, il y a une tonne de moments positifs auxquels ils faut se raccrocher.  Et que le changement, ça peut vraiment faire beaucoup de bien!

Suite l'an prochain.... :)