samedi 21 octobre 2017

L'importance de se ressourcer professionnellement

Ce matin, c'est avec la tête remplie d'idées de projets et du goût d'innover (encore!) que je me réveille.  Repassent en boucle ces conversations tenues au cours des derniers jours, ces ateliers auxquels j'ai assisté, ces nouvelles rencontres que j'ai faites.  De retour de la 44e session de perfectionnement du GRMS (Groupe des responsables en mathématiques du secondaire), je viens d'emmagasiner une quantité incroyable de motivation professionnelle!  Le début de cet article présentera les découvertes que j'y ai faites en lien avec l'enseignement des mathématiques. Je poursuivrai avec une réflexion plus générale que je fais par rapport à la formation continue.

Mes découvertes mathématiques

J'avais décidé d'axer mon choix d'ateliers sur la programmation et les outils technologiques.  Je n'ai pas été déçue.   D'abord, la programmation m'intéresse depuis les trois dernières années.  Avant cette année, j'en faisais faire aux élèves par-ci, par-là.  Surtout, par la participation de mes classe à l'Heure du code, un événement mondial qui a lieu à chaque année en décembre.  Code.org est le site qui m'a permis de découvrir que la programmation pouvait être une plus-value dans le cheminement de mes élèves, surtout en ce qui a trait au développement de la pensée computationnelle et d'habiletés de résolution de problèmes.   Je me suis mise à  faire des lectures, explorer des blogues et sites web en lien avec la programmation.  Au cours des derniers mois, le code s'est mis à être davantage un centre d'intérêt en éducation.  Même notre ministre en a parlé comme étant un aspect auquel il accorderait de l'importance dans un avenir rapproché.  Cette année, j'ai donc décidé de l'intégrer dans mon cours de mathématiques, mais de façon plus "officielle".  Déjà en début d'année, j'ai annoncé aux parents, aux élèves et à la direction de mon école que la programmation ferait partie intégrante de mon cours de mathématiques de secondaire 1. (Voir mon article de blogue sur La classe de maths de Mme Isabelle). Toutefois, j'avais quelques craintes quant à l'intégration adéquate aux concepts mathématiques du programme de formation que j'allais en faire.  En m'abonnant à la page Facebook Les maths autrement, j'ai pu échanger avec des enseignantes qui faisaient déjà de la programmation.  Et j'ai compris que ce que je voulais faire était possible.  Ces mêmes personnes qui m'ont partagé leurs façons de faire, j'ai pu les rencontrer au cours des derniers jours au congrès.  Je tiens à remercier Stéphanie Rioux, Mélanie Boucher et Annie Fillion qui m'ont permis d'oser l'intégration de la programmation dans ma classe.  D'abord par leur partage sur cette page Facebook qui est leur initiative et qui fait de plus en plus d'adeptes.  Aussi, par ce que Stéphanie et Mélanie ont partagé lors de leurs très pertinents et enrichissants ateliers sur Scratch et Algobox lors des derniers jours.  J'ai maintenant une idée très claire de ce que je vais faire en classe avec mes élèves en lien avec la programmation.  Et ce, dès la semaine qui vient!

J'ai aussi participé aux ateliers des très inspirants Frédéric Ouellet et Jocelyn Dagenais sur la corde à linge mathématique et Desmos.  Cette corde à linge (Clothesline Math) est un puissant outil pour le développement du sens du nombre.  Que ce soit pour l'apprentissage des nombres entiers, le passage de la forme décimale à la forme fractionnaire ou au pourcentage, l'apprentissage de l'algèbre et même la résolution de systèmes d'équations, Frédéric et Jocelyn nous ont démontré que cet outil très visuel pouvait être particulièrement aidant pour nos élèves, et très interactif, de surcroît.   Finalement, leur présentation de l'outil en ligne Desmos m'a convaincue que l'utilisation de celui-ci en classe pouvait être très stimulante pour les élèves.  Présentation de questionnaires, jeux d'association de cartes et même des activités de type "Guess Who" que les élèves réalisent en classe, en collaboration avec les autres élèves de la classe sont quelques exemples d'utilisations que l'on peut en faire.  Il y a même un site dédié au partage des  ressources francophones de Desmos.

L'importance d'un réseau professionnel et du partage

Même si j'en étais profondément convaincue déjà, cette session de perfectionnement m'a une fois de plus prouvé l'importance des échanges et partages que nous avons avec les autres enseignants.  Individuellement, il est difficile de trouver du temps pour bâtir différentes activités.  Ensemble cependant, nous pouvons arriver à se partager des dizaines de ressources pertinentes pour nos élèves.  Il faut arrêter de travailler en vase clos.  Il n'y a rien à y gagner. 

Il est important de se construire un réseau.  Je l'ai déjà dit maintes fois dans mes articles précédents, notre réseau nous permet de garder la motivation, d'échanger et partager des ressources, de découvrir de nouvelles approches, de se sentir moins isolés et davantage supportés.  Ce réseau, on peut le bâtir parfois virtuellement.  Nous avons maintenant les réseaux sociaux qui nous permettent de le faire et ce, de façon très efficace.  Ce nombre de personnes avec qui j'ai échangé pédagogiquement au cours des dernières années est grand.  Je n'aurais sûrement pas pu partager avec toutes ces personnes sinon.  Et quand des événements comme les colloques arrivent, nous avons la chance de côtoyer en vrai ces personnes qui nous inspirent au quotidien sur nos fils d'actualité.  Et de revoir ces autres personnes que nous rencontrons quelques fois l'an et avec qui il fait bon échanger.

Une chose m'a profondément ébranlée cependant... Je fais le constat que j'échange avec les gens de mon milieu immédiat presque uniquement lors de ces colloques...  Et ça, j'ai de la difficulté à le concevoir.  Des enseignants de mathématiques d'une même commission scolaire qui n'ont jamais l'occasion de se rencontrer et de partager ailleurs qu'à des rencontres provinciales, c'est décevant non?  Ce n'est sûrement pas le cas de tous les milieux, fort heureusement.  Mais c'est une réalité qui me touche.  Ces découvertes que nous avons faites au cours des derniers jours, peut-être étions nous en mesure d'en partager quelques unes que nous faisions déjà dans notre milieu.  Mais nous n'avons jamais eu d'occasion de nous en parler.  J'imagine que c'est entre nos mains, enseignants, de provoquer ces occasions....  Probablement...

Parlant de partage, voici le lien vers le Padlet des ressources présentées aux différents ateliers du GRMS 2017.
Congrès du GRMS 44

lundi 9 octobre 2017

L'accompagnement iClasse, qu'est-ce que c'est?

Est-ce que j'ai déjà dit que la iClasse m'a redonné des ailes comme enseignante ?  Certainement.  Mais je le répète.  Parce que c'est réel, parce que je veux donner le goût à d'autres enseignants d'oser faire des changements dans leur pratique.  Et je crois que iClasse est une excellente façon de le faire.  Tout au long de la semaine, j'ai pu participer à des discussions, faire des lectures, écouter des témoignages... m'enrichir davantage pendant ce processus de recertification.   Toute la semaine, les futurs Leaders et Ambassadeurs iClasse se sont côtoyés en discutant des différents aspects abordés lors d'un accompagnement iClasse.  Ce fut très stimulant et enrichissant.  Malgré ma semaine chargée au travail et la course entre toutes les activités des enfants, cette formation m'a une fois de plus permis de prendre des temps d'arrêt pour réfléchir sur ma pratique d'enseignante.  De prendre du recul pour faire le point sur ma situation actuelle, qui a bien évolué depuis les dernières années.  J'ai fait le constat que je suis extrêmement fière d'être rendue là où je suis aujourd'hui.  Tous les changements que j'ai faits dans ma pratique, dans ma classe, ils m'ont fait grandir comme enseignante, mais également comme personne.  Je me sens bien, professionnellement. 

Voici un sketchnote que j'ai réalisé pour résumer les différents sujets qui ont été abordés cette semaine et qui donne un bon aperçu de la philosophie de iClasse.  (Je suis une vraie débutante pour les sketchnotes, donc soyez indulgents ;).  Il n'est peut-être pas exhaustif, mais il reflète les principales idées que j'ai retenues et qui m'on fait réfléchir.


Voici donc ce que je retiens... Dans la iClasse, les élèves apprennent en collaboration avec leurs pairs et avec l'enseignant.  La classe devient une communauté d'apprentissage.  Et des ouTICS sont intégrés dans la classe:  il s'agit des technologies que l'on choisit comme outils en fonction des objectifs pédagogiques que nous avons.  Évidemment, lorsque l'on choisit d'intégrer les technologies en classe, il est primordial d'amener les élèves à développer leur pensée critique face à toutes ces informations qu'ils peuvent trouver un peu partout sur le web.  La iClasse implique des changements dans l'aménagement de la classe ainsi que dans les pratiques pédagogiques.  Ces changements doivent tenir compte du fait que l'on veut que l'élève soit le principal acteur dans ses apprentissages.  L'élève est au coeur des décisions qui sont prises en classe.   Plusieurs courants pédagogiques nous sont présentés tout au long de notre carrière d'enseignant.   Certains courants sont davantage en accord avec le fait que nous voulions développer la créativité chez les élèves.  Il est important de se questionner sur ce que l'on veut intégrer dans nos classes, de se baser aussi sur des données de recherches, quand il est possible de le faire.   

De plus en plus, on parle aussi de sensibiliser les élèves à la mentalité de croissance: l'intelligence n'est pas fixe, elle est en croissance et peut être développée.  Il faut démystifier cela avec les élèves pour qu'ils puissent croire en leur potentiel d'apprentissage.   Leur permettre de se libérer de croyances qui les empêchent de bien apprendre.

Enfin, la iClasse nous permet de collaborer avec des enseignants qui ont eux aussi choisi le changement dans leur classe.  En ce sens, la iClasse permet d'échanger avec la "tribu", ces personnes qui ont les mêmes intérêts que nous et qui veulent faire avancer les choses dans ce monde de l'éducation qui tarde à être de son temps.  C'est pourquoi des Leaders et des Ambassadeurs sont formés pour promouvoir la iClasse.  Ils sont là pour semer des idées de changement, tenter d'amener les innovations pédagogiques dans leurs milieux, contaminer leur entourage.  La iClasse, c'est plus qu'une formation, c'est une façon de vivre en harmonie avec nos élèves dans la classe afin qu'ils deviennent des citoyens prêts à faire face au monde actuel et futur.




samedi 30 septembre 2017

Ma renaissance professionnelle

Me revoici après une loooooongue pause sur ce blogue!  J'ai vécu depuis rien de moins qu'une renaissance professionnelle! Ma vie de prof a pris un grand virage.  Quand je relis les derniers articles, je constate que ce virage était déjà amorcé. J'en étais à faire une profonde réflexion sur ma pratique.  Mon réseau Twitter était grandissant.  J'y faisais la découverte de gens passionnés et inspirants du monde de l'éducation.   Mon désir de changer mes façons de faire se faisait de plus en plus grand.  À la base, je crois que cette volonté de changement venait surtout du fait que je trouvais les élèves de moins en moins engagés dans leurs apprentissages et j'étais convaincue qu'ils n'étaient pas à la source du problème.  Je ne trouvais plus satisfaction dans ce que je faisais en classe au quotidien.  Et puis un jour, j'ai vu passer cette question sur Twitter: "Si j'étais un élève, est-ce que j'aimerais être dans ma classe?"  Sans être tout à fait un non catégorique, car je crois que j'étais plutôt satisfaite du lien que je réussissais à établir à chaque année avec mes élèves, je n'arrivais pas non plus à affirmer que je serais la plus heureuse dans ma classe.  Le constat était que je devais trouver des moyens d'accrocher davantage les jeunes que j'avais devant moi.  J'ai alors décidé qu'il fallait que j'aille plus loin que la réflexion et qu'il était primordial, pour ma santé professionnelle et l'apprentissage de mes élèves, que je passe à l'action.

Les étapes de la transformation...

Twitter, outil puissant de formation continue

D'abord, je dois dire que mon réseau qui s'est bâtit graduellement sur Twitter a été non seulement un déclencheur à tous les changements que j'ai effectués dans ma pratique, mais a été et demeure toujours ma plus grande source de motivation.  Les nombreux partages et découvertes que j'y fais alimentent quotidiennement ma pratique d'enseignante.  Ce que ce réseau m'apporte est d'une richesse incommensurable. Aussi, les soirées #EduProf les mercredis sont un rendez-vous hebdomadaire auquel j'essaie d'être fidèle puisque que les discussions qui s'y déroulent sont très riches et elles permettent de discuter avec les collègues de partout.  Twitter est pour moi une vaste salle des enseignants, où les idées positives, innovantes et stimulantes en éducation sont à l'avant-plan.  Et cela s'avère très motivant.

Des formations déterminantes


La formation iClasse que j'ai suivie a été un réel cadeau professionnel que je me suis offert il y a 4 ans. Je recherchais d'abord une formation qui m'aiderait à intégrer les technologies dans ma classe, car j'y voyais une source d'intérêt pour les jeunes qui baignent dans l'univers des technologies. Mais j'ai vite découvert que iClasse, c'était encore bien plus que ça. Et à ma plus grande satisfaction. L'élève au coeur de ses apprentissages, l'élève engagé dans sa réussite, l'élève créatif et collaborateur: ce sont des idées qui sont le fondement de iClasse je crois. Cette formation m'a permis d'amorcer des changements à plusieurs niveaux: aménagement de la classe, évaluation, gestion de la classe, pédagogie. J'ai donc reçu la certification en 2014 et je débuterai dans la prochains jours un processus de recertification qui me mènera au niveau Leader iClasse. Cette formation m'a vraiment donné la motivation qu'il me fallait pour amorcer des changements, pour oser sortir du moule et innover dans ma classe.

Les colloques auxquels j'ai assisté depuis les dernières années m'ont beaucoup aidée aussi dans cette démarche de changement.  Que ce soit celui de l'AQUOPS, du GRMS ou CLAIR, tous m'ont permis d'aller me ressourcer pédagogiquement et ils m'ont permis de rencontrer des personnes formidables et passionnées, souvent de celles que je suis virtuellement sur Twitter.  Des personnes inspirantes, car elles ont aussi, un jour, osé le changement.  On se sent moins seul quand on rencontre des gens qui ont les mêmes visées que nous et ça redonne l'énergie pour avancer et foncer, même quand le doute s'empare de moi.

J'ajouterais aussi dans ces formations toutes les lectures extraordinaires que j'ai faites et qui m'ont convaincue que le changement était nécessaire dans le milieu de l'éducation. Je pense entre autres aux livres suivants: Teach Like a Pirat (Dave Burgess), The Classroom Chef (John Stevens et Matt Vaudrey), Mathematical Mindset (Jo Boaler), The Element (Ken Robinson), Shift This!(Joy Kirr).
Il y a aussi des sites web ou blogues qui sont devenus des références pour moi en ce qui a trait à l'enseignement des mathématiques: La Page à Dage (Jocelyn Dagenais), Youcubed (Jo Boaler), Dy/Dan (Dan Meyer), The Classroom Chef, First Five Days (Joy Kirr). Et plusieurs groupes Facebook en lien avec l'intégration des technologies dont Les Maths autrement, Les TIC en éducation.

Oser le changement


Cette année, j'ai l'impression d'avoir des ailes. Vraiment. Déjà un mois que l'année scolaire est commencée et je suis comme sur un nuage tellement ma vie en classe avec les élèves est géniale!!!

D'abord, malgré le manque de ressources financières qui me permettraient d'avoir une classe super moderne avec un mobilier dernier cri, j'ai tout de même pu aménager ma classe à mon goût avec les moyens du bord, un peu d'imagination et du temps de bricolage (et, je dois avouer, plusieurs $ sortis de mes poches, mais bon...). Ma classe est maintenant plus flexible, ce qui m'amène à adapter ma gestion de la classe. Les élèves ont accès à des coins de travail qui correspondent à leurs besoins. Le bureau du prof a complètement laissé place à un coin de matériel disponible pour les élèves. On peut travailler debout, assis par terre ou sur des fauteuils, à des bureaux standards ou sur des tables.

Aussi, j'accorde plus d'importance aux toutes premières minutes du cours, en laissant place aux réflexions et discussions mathématiques. Avant même que le cours commence, j'affiche au tableau des activités telles que WODB ou QELI (en français) où les élèves trouvent l'intrus en justifiant leur choix, des énigmes mathématiques, des discussions mathématiques ou Math Talks. Il est très impressionnant de voir, après un seul mois d'école, que plus de la moitié des élèves ont déjà la main levée pour répondre avant même que la cloche annonce le début du cours! C'est fascinant et les discussions qui en ressortent sont tellement riches! Le pire, c'est que les élèves ont l'impression qu'ils ne travaillent pas alors qu'ils réfléchissent tellement! Cela leur permet d'apprivoiser et apprécier les mathématiques en s'amusant.

J'ai accordé plus de temps aussi en début d'année pour que s'installent les routines. Avant, j'expliquais les règles de classe et ensuite on commençait le "programme" pour ne pas manquer de temps. Cette année, on a fait des ateliers pour établir ensemble nos critères pour un travail d'équipe efficace et on a pris le temps de modeler ce travail d'équipe. Et je trouve que les élèves travaillent beaucoup mieux, je n'interviens que très peu. Nous avons aussi parlé de mentalité de croissance afin que les élèves puissent comprendre qu'en classe de maths, ils avaient droit à l'erreur, qu'ils puissent ainsi adopter une attitude positive face à leurs apprentissages. Je suis vraiment satisfaite d'avoir choisi d'établir un mode de fonctionnement intéressant en classe avant de plonger dans l'apprentissage des concepts au programme. Je sens que ça fait toute une différence sur l'attitude des élèves face à leur apprentissage. Nous sommes partis sur de bonnes bases.

Alors, même si tout n'est pas acquis encore, quand j'entends les élèves dire "Hein? Déjà fini!" lorsque je leur demande de ranger le matériel à la fin de la période, quand nous nous faisons "surprendre" par la cloche à la fin du cours tellement nous étions absorbés par ce que nous faisions, je me dis que je suis probablement en train d'atteindre le but que je visais par ces changements: rendre l'école intéressante pour mes élèves afin qu'ils aient le goût d'apprendre. Et comme enseignante, retrouver la flamme qui m'animait et que j'avais peur d'avoir perdu à tout jamais...